« Jeanne Fortier a-t-elle reconnu Paul Harmant ? interrogea Étienne Castel qui l’avait écouté attentivement.
– Elle ne pouvait le reconnaître. C’était la première fois qu’elle le voyait… »
L’artiste prit son front dans ses mains.
« Décidément, murmura-t-il, mes soupçons s’égaraient…
– Que croyiez-vous donc ?
– Que Paul Harmant était Jacques Garaud, l’assassin de Jules Labroue, tout simplement.
– Lui, Jacques Garaud ! Lui, l’assassin de Jules Labroue ! répéta Georges. Mais qui vous faisait supposer cela ?
– Tout et rien, répondit Étienne Castel. Aujourd’hui mes preuves s’en vont en fumée ! De mes recherches même il résulte que Paul Harmant est bien son nom ; il me faut reconnaître que tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour sa fille…
– Mais, reprit Georges Darier, qui donc lui a fourni cette pièce authentique dont il s’est servi contre Lucie ?
– Ici, pour moi, tout s’embrouille. »
Il raconta ses démarches à Joigny et à Bois-le-Roi.
« Enfin, quel intérêt avez-vous à vous donner tant de mal pour éclaircir ces points obscurs d’une histoire qui ne vous touche en rien ? » demanda Georges après l’avoir écouté.
Étienne Castel regarda son pupille d’une façon singulière et reprit au bout d’un instant :
« Ne pensons plus à cela. Je croyais tenir une preuve : elle m’échappe, tout est fini.
– Vous renoncez à ce que vous aviez entrepris ?
– Il le faut bien. »
En répondant ainsi, Étienne déguisait la vérité. Lorsqu’il quitta Georges, une préoccupation unique hantait son esprit : trouver le baron de Reiss.
Complètement guéri, et lesté des cinq mille francs d’indemnité, Duchemin s’était rendu rue des Dames, aux Batignolles, où l’attendait Amanda.