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Page:Montaiglon-Fertiault - François Rabelais, tourangeau, 1880.djvu/6

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Ceux qui de Rabelais font un vieux faune ivrogne
Sont des sots. Il n’avait pas le nez purpurin ;
C’était un philosophe, un Caton Censorin ;
Il avait un visage et non pas une trogne.

Son siècle était perdu de vermine et de rogne,
Et, pour le fustiger avec le fouet d’airain
De son rire sonore, amer et souverain,
Ce fut au satirique une rude besogne.

Sans les grosses gaîtés de son propos salé,
Son temps n’eût pas permis et n’eût pas avalé
Ce qu’il avait à dire et des grands et de Rome ;

Mais, quand on l’a compris, quand on l’a pénétré,
Ce n’est pas seulement un savant, un lettré,
Un styliste, un penseur. C’est bien plus ; c’est un homme.


Anatole de Montaiglon.