Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
46
137
la chastelaine

— Blasmer, bele fille, si fet ;
Sachiez que li enfes qui fet
Contre le voloir de son père ,
Sovient avient qu’il le compère.
50— Pères, je ferai vo voloir,
Mès trop me fet le cuer doloir
Geste chançons, et me tormente :
Nus ne se marie qui ne s’en repente.

» Repente, ce vueil-je bien croire ,
55Pères, que la chançon soit voire ;
Cil se repent qui se marie ;
Quar je me sui jà repentie
D’avoir mari ainz que je l’aie :
Li parlers tant fort m’en esmaie ,
60Que j’en ai tout le cuer mari.
J’aim miex morir pucele
Qu’avoir mauvès mari.


— Mauvès mari n’aurez-vous pas ;
Mès fiancier isnel le pas,
65Dist li pères, le vous covient. »
A tant ez li vilains qui[1] vient.
Qui moult avoit le cors poli ;
Au miex qu’il puet de cuer joli
S’est escriez à haute alaine :
70L’avoirs done au vilain fille à chastelaine.

» Chastelaine fu jà sa mère,
Chastelains est encor son père,

  1. 66 — * qui ; ms. , ou.