Qu’au soir viegne por son mari,
Et si le maint avoeques li
Chiés[1] dant Huistasse le fil Tiesse,
Où il a une bele nièce,
Que volez prendre et espouser,
Se il la vous voloit doner ;
Et g’irai là sanz demorer ;
Jà tant ne vous saurez haster,
Que je n’i soie avant de vous :
Iluec nous troverez andous,
Où j’aurai mon afère fait
A Huistasse tout entresait,
En tel guise que vous m’aurez,
Se Dieu plest, et me recevrez
Très pardevant nostre pro voire.
Mon seignor ne saura que croire,
Qu’il m’aura après lui lessie ;
Je serai si appareillie
Que je aurai chancgiez[2] mes dras
Que il ne me connoistra pas,
Et me fiancerez demain
Très pardevant no chapelain.
A mon mari direz : Biaus sire,
El non de Dieu, el non saint Sire,
Ceste fame me saisissiez.
Il en sera joianz et liez.
Et bien sai que il me donra
A vous, et grant joie en aura.
Et, s’il ainsi me veut doner,
- ↑ 233 — Chiez, lisez Chiés.
- ↑ 249 — changiez, lisez chancgiez.
La première partie de ce fabliau se trouve dans le Grand Caton ; le sieur d’Ouville lui a consacré une longue histoire. Il se retrouve imité dans les Facetiæ de Bebelius, dans les Convivales sermones, dans Boccace (journ. VII, nouv. 8 et 9), dans les Délices de Verboquet, dans les Facezie, motti e burle de Donienichi, dans les Contes pour rire, et enfin dans La Fontaine, sous le titre de la « Gageure des trois commères ». Cf. dans la Romania (III, 192) les renvois de M. d’Ancona pour la nouv. 22 du Novellino.