Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
52
fabliau xviii

Li preudom estoit fors et preus ;
« Dame, dist-il, tost alumez
Une chandoile, et si venez
55Léenz o moi, où j’ai afère. »
La dame ne s’osa retrère ;
Une chandoile a alumée.
Et est o son seignor alée
En l’ouvréoir isnelement ;
60Et li preudom tout esraument
Le provoire tout estendu
Voit, si l’a bien apercéu.
Voit la coille et le vit qui pent :
« Dame, dist-il, vilainement
65Ai en cest ymage mespris :
J’estoie yvres, ce m’est avis,
Quant je ceste chose i lessai ;
Alumez, si l’amenderai, »
Li prestres ne s’osa mouvoir ;
70Et[1] ice vous di-je por voir
Que vit et coilles li trencha,
Que onques rien[2] ne li lessa
Que il n’ait tout outre trenchié.
Quant li prestres se sent blecié,
75Lors si s’en est tornez fuiant.
Et li preudom de maintenant
Si s’est escriez à hauz criz :
« Seignor, prenez mon crucefiz
Qui or endroit m’est eschapez. »
80Lors a li prestres encontrez
.II. gars qui portent une jarle ;

  1. P. 196, l. 19, Ei, lisez Et.
  2. 72 — riens, lisez rien.

    Se retrouve dans Sacchetti (nouv. 25 et 84), Malespini (nouv. 93), Straparole (nuit IX, nouv. 4), les Cent Nouvelles (nouv. 64) et dans les Contes de Gudin (I, p. 136-9). Cf. Straparole, éd. Jannet, I, xxxvij.