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avant-propos.

dont l’autre a traduit nos grands poëmes, n’ont pas acclimaté chez elles nos Fabliaux et n’en possèdent pas qui leur soient particuliers. Si l’Angleterre en a profité, non pas seulement en les imitant comme a fait Chaucer, mais en en écrivant elle-même quelques-uns en anglo-normand, ils n’y ont pas la même importance que chez nous. L’Italie en a profité aussi, et Boccace en a rapporté des bords de la Seine, sur ceux de l’Arno, mais il est rentré dans le cadre et dans la forme de ces recueils latins maintenant perdus et qui devaient encore exister de son temps ; il est revenu d’un côté à la prose, de l’autre à la brièveté des récits, à leur pondération équilibrée, et son exemple a entraîné tous les auteurs italiens dont il est le maître et le modèle. Autrement dit, l’Italie a des contes et des conteurs, mais en prose, et ce qu’il peut y avoir de contes italiens écrits en séances ne sont que de petits poëmes, mais sans être davantage ce que chez nous ont été les Fabliaux.

Du reste ils n’ont pas chez nous duré plus de deux siècles sous la forme nouvelle et originale qui leur est et qui nous est vraiment propre. Lorsque l’élément comique, après avoir été d’abord un détail pour reposer de la gravité des Mystères, après s’y être étendu jusqu’à y passer à l’état d’intermède, s’est détaché du drame religieux et est devenu, non pas la Comédie, mais cependant une vraie pièce de