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XX

DU SOT CHEVALIER.

Manuscrit F. Fr. 837, fol. 277 ro à 278 vo.[1]

1
Puisque je me vueil amoier
A rimer et à fabloier,
Dont vous doi-je fère savoir,
S’il a en vous point de savoir,
5Tout sanz mesfez[2] et sanz mesdiz,
D’une aventure qui jadis
Avint en la forest d’Ardane[3],
A quatre liues près d’Otane[4] ;
Si vous dirai tost et briefment
10La fin et le commencement.
En la forest ancianor
Avoit manant .I. vavassor
Qui moult estoit bien herbregiéz ;
D’une part estoit ses vergiers,
15Qui toz ert d’arbres esléus ;
Moult estoit preciex cil lieus
Quant ce venoit au noviau tans.
D’une part estoit ses estans
Qui toz estoit plains de poissons ;
20Moult ert sires de venoisons ;
S’avoit ses chiens et ses oisiaus ;

  1. XX. — Du Sot Chevalier, p. 220.

    Publié par Barbazan, III, 202 ; et par Méon, IV, 255-265.


  2. Vers 5 — meffez, lisez mesfez.
  3. 7 — « Ardane », forêt des Ardennes.
  4. 8 — « Otane ». L’Othe, Otta silva, l’un de ces petits pagus dont la trace s’est conservée dans la composition de certains noms de lieux, est dans l’Aube et dans l’Yonne, c’est-à-dire à l’ouest de Troyes. Cf. Guérard, « Pays de la France ». Ann. de la Soc. de l’Hist. de Fr., pour l’année 1837, p, 122. Dans la Moselle, il y a Othe, près de Briey, et Ottange, près de Thionville. Enfin il y a un Authe dans les Ardennes, à quatre lieues de Vouziers ; c’est probablement de celui-là que notre trouvère aura fait Otane pour la rime.