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fabliau xxiv

Et sa desfense poi li vaut.
Retenu l’ont et pris entr’aus ;
Par tant si est remez l’assaus.
925Alous à ses bouviers demande
S’il l’ocirra, ou il le pande.
Il respondent communement
Qu’il n’en puet fère vengement,
De qoi on doie tant parler,
930Come des coilles à coper.
« Coper, fet Alous, mès noier.
Et ne pourquant soit au trenchier,
Quar vous dites parole voire ;
Vostre conseil vueil-je bien croire ;
935Or alez, le rasoir querez
Dont cil prestres sera chastrez ;
Fetes isnelement et tost. »
Quant li prestres entent et ot
C’on dit de lui itel parole,
940Doucement Aloul aparole.
« Aloul, dist-il, por Dieu merci,
Ne me desfigurez issi ;
De pechéor miséricorde.
— Jà voir n’en sera fête acorde,
945Fet Alous, à nul jor, ne paie. »
Se li prestres dès lors s’esmaie,
De legier le puet-on savoir.
Il ont aporté le rasoir,
Le prestre enversent et abatent ;
950Moult le laidengent et debatent,
Ainz qu’il le puissent enverser ;