Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/349

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de l’aveine pour morel

80Et tu soies de ce certainne
Que je l’en donrai volentiers
Selonc ce qu’il sera mestiers
Et je pourrai et tu vourras,
Car jà à ce tu ne faurras. »
85Cele li respont com cortoise :
« Biax frères douz, de ce t’aquoise,
Jà por cel ne te hucherai,
Ne là por ce ne te dirai
Que Moriax vuille avainne n’orge ;
90Miex ain[1] c’on me couppast la gorge
Que je tel outrage féisse
Ne qu’ainsis huchier apréisse. »
Cilz li respondit erramment :
« Si feras, car jel te comment,
95Car c’est tout un entre nous deuz,
Car je vuil tout ce que tu veuz ;
Donc ce que vueil tu dois voloir,
Sens toi en nul endroit doloir. »
Cele li a respondu tost
100Et seli dist : « Tu ies tous sos,
Qui veus que die tel outrage ;
N’afiert à fame qui soit sage. »
Et sachiez, que qu’ele déist,
Que moult volentiers le féist ;
105Jà pour danmage nel’ laissast,
Ne pour honte, que ne huchast
A Morel avainne donner ;
Miex s’amast à ce abandonner
Qu’ele sa provande perdist.

  1. 90 — aim, lisez ain.