Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome I.djvu/351

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de l’aveine pour morel

140Penre por Morel de l’avainne.
Si tost com il furent couchié,
Cele a son mari aprouchié,
En aplainnant, en acolent,
En faire tout à son talent,
145Puis taste deçà et delà ;
Moult souefment araisnié l’a ;
« Frere, miex me souliez amer,
Et Dame et amie clamer ;
Mais or croi l’amors[1] est fenie
150Et sans raison tost départie ;
Por une autre m’avez guerpie,
Où vous avez vo druerie.
Non n’ai[2], par ma foi, bele seur ;
Je n’ai aillors qu’an vous mon cuer ;
155Vos iestes m’ammie et m’ammors ,
Et mes solas et mes secors. »
Cils monta sus por solacier,
Que plus ne l’osa correcier,
Car il moult très bien s’aperçoit
160Que Moriax aveinne voloit.
Une fois li a fait cele œuvre.
Et cele a bien chier c’on requeuvre,
Qu’à pièce n’en seroit lassée,
Li a dist par grant remposnée :
165« Sire, l’autre jour me disiez
Qu’à Morel aveinne donriez
Toutes fois qu’an auroit besoing ;
Or en aiezdou donner soing
Orendroit, sire, si vous plait[3]. »

  1. 149 — l’amor, lisez l’amors.
  2. 153 — Non ai, lisez Non n’ai.
  3. 169 — plaist, lisez plait.