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fabliau ii

« Voiés, dist-ele, grant merveille.
Qui oï ainc mès la pareille ?
Revéz là le boçu où gist. »
Li bachelers pas ne s’en rist,
205Quant le voit gesir lès le fu.
« Voiz, dist-il, par le saint cueur bu,
Qui ainc mès vit tel menestrel ?
Ne ferai-je dont huimès el
Que porter ce vilain boçu ?
210Toz jors le truis ci revenu,
Quant je l’ai en l’eve rué. »
Lors a le tiers ou sac bouté ;
A son col fierement le rue ;
D’ire et de duel, d’aïr tressue.
215A tant s’en torne iréement ;
Toz les degrez aval descent ;
Le tiers boçu a descarchié ;
Dedenz l’eve l’a balancié :
« Va-t’en, dist-il, au vif maufé,
220Tant t’averai hui conporté ;
Se te voi mès hui revenir,
Tu vendras tart au repentir.
Je cuit que tu m’as enchanté ;
Mès, par le Dieu qui me fist né.
225Se tu viens meshui après moi
Et je truis baston ou espoi,
Tel[1] te donrai el haterel,
Dont tu auras rouge bendel. »
A icest mot est retornez.
230Et fus[2] en la meson montez ;

  1. 227 — Jel, lisez Tel.
  2. 230 — * fust ; ms., fus.