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fabliau iii

Et fiancerai maintenant,
470Ma main en la vostre tenant,
Que, luès que j’aurai espousée
Cele c’on m’a or refusée,
Que vous r’aurez vo terre quite
Por guerredon et por merite ;
475Or fetes ce que vous requiers.
— Niéz, fet li oncles, volentiers,
Quar molt me plest et molt m’agrée ;
Au miéz de toute la contrée
Serez mariez, par mon chief.
480Et j’en cuit bien venir à chief.
— Oncles, dist-il, or esploitiez
Ma besoigne, et si la coitiez[1]
Qu’il n’i ait fors de l’espouser,
Quar ne vueil plus mon tens user,
485Et g’irai au tournoiement.
Atornez serai richement ;
Li tornois ert à Galardon[2],
Et Diex m’otroit en guerredon
Que je le puisse si bien fère
490Que proisiez en soit mon afère ;
Et vous penssez de l’esploitier,
Qu’espouser puisse au repérier.
— Molt volentiers, fet-il, biaus niéz ;
De la novele sui molt liéz,
495Quar ele est molt gentiz et franche. »
Lors s’en torna sanz demorance
Mesires Guillaumes[3] errant ;
Lors maine joie molt très grant

  1. 482 — l’acoitiez, lisez la coitiez.
  2. 487 — Galardon, « Gallardon », petite ville de la Beauce (Eure-et-Loir, arr. de Chartres).
  3. 497 — Guillaume, lisez Guillaumes pour la mesure du vers.