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fabliau iii

S’en fu dolente et esmarie ;
590Sovent jura Sainte Marie
Que jà de lui n’ert espousée.
Molt ert dolente et esplorée,
Et molt sovent se desconforte :
« Lasse, dolente, com sui morte !
595Quel trahison a cil viex fète !
Comme auroit or la mort forfète !
Comme a decéu son neveu,
Le gentil Chevalier et preu
Qui tant est plains de bonne tèche,
600Et cil viellars par sa richèce
A jà de moi reçu le don :
Diex l’en rende son guerredon !
Entremis s’est de grant folie ;
Jamès nul jor ne serai lie ;
605S’anemie mortel aura
Le jor que il m’espousera.
Comment verrai-je jà le jor !
Naie ! jà Diex si lonc sejor
Ne me doinst que véir le puisse !
610Or a ci duel et grant anguisse,
Ainz mes n’oï tel trahison.
Se je ne fusse en tel prison.
Bien achevaisse cest afère[1] ;
Mès je ne puis nule rien fère,
615Ne fors issir de cest manoir ;
Or me convendra remanoir
Et souffrir ce que veut mon père ;
Mès la souffrance est trop amère.

  1. 613 — ceste afere, lisez cest afere.