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du vair palefroi

Mes sires Guillaume l’oï :
800« Diex, fet-il, m’a donques trahi
Mès oncles, en qui me fioie,
À cui si bel proie avoie
Que il m’aidast de ma besoingne[1] ?
Jà Dame-Diex ne li pardoingne[2]
805La trahison et le meffet ;
À paines croi qu’il l’éust fet ;
Je croi que tu ne dis pas voir.
— Bien le porrez, fet-il, savoir
Demain ainçois prime sonée,
810Quar jà i est granz l’assamblée
Des viez chevaliers du pais.
— Ha ! las, dist-il, com sui trahis
Et engingniez et decéus ! »
Poi s’en faut que il n’est chéus
815De duel à la terre pasmez ;
S’il n’en cuidast estre blasmez
De cels qui erent à l’ostel,
Il féist jà encor tout el ;
Si est espris de duel et d’ire,
820Ne sot que fère ne que d’ire.
De grant duel demener ne cesse,
Et cil le semont et reverse
Que qu’il estoit en cel effroi :
« Sire, en vostre bon palefroi
825Fetes errant metre la sele ;
S’ert portée ma damoisele
Sus au moustier, que soef porte. »
Et cil qui soef se deporte,

  1. 803 — besoigne, lisez besoingne.
  2. 804 — pardoigne, lisez pardoingne.