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de l’evesque

Quanqu’il fait la beneïçon,
Dit secula seculorum ;
Et li prestes, qui l’antandi,
Maintenant amen[1] respondi.
205Et li evesques, quant il l’ot,
Sachiez que grant peor en ot
Quant a lo prevoire escoté,
Puis a un po en haut parlé :
« Qui es tu, qui respondu as ?
210— Sire, » fait il, « je suis li lax,
Cui tu viaus sa fame tolir,
Si con il te vient à plaisir,
Et si m’as lo vin deffandu,
Jamais par moi n’en ert beü.
215Dès hui matin oï retraire
Que tu voloies ordres faire :
Si i voloie estre, biau sire. »
Li evesques commance à rire,
Et dit : « Or m’as tu espié,
220Et bien sorpris et engignié :
Or te doin[2] je congié de boivre,
Et de mangier poucins au poivre[3],
Et oes quant tu en voudrax,
Et avoc toi ta fame auras ;
225Si garde que mais ne te voie ! »
Lors s’an tome cil à grant joie.


  1. 204 — * amen. M, aman.
  2. 221 — * doin. M, doi.
  3. 222 — * poivre. M, povre.

    Bonaventure des Periers (nouv. 36) nous présente une nouvelle analogue à ce fabliau. Voyez aussi dans le Novellino (Romania, III, 175) et dans les Cento Novelle antiche (nov. 54). Imbert a imité ce conte, où les prescriptions du troisième concile de Latran sont loin d’être observées.