Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome III.djvu/42

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fabliau lvi

Petis est de molt male vaine ;
Petis est au livrer l’avaine ;
Petis a trestout en sa garde.
Se je ruis[1], Groignès me regarde ;
55S’on me donne, c’est par Petit ;
Groignès voussit bien le respit.[2]
Groignès et Petis soit destruis,
Car em plusors osteus les truis ;
Pour ce ne sai mais où torner.
60Groignès si fait tout trestorner
Les biens et Petis les retrait.
Qui tex serjans à lui atrait
Ne puet mie gramment valoir
Por tant qu’il facent lor voloir,
65Et ci sont par tout si creüs
Que li riche sont recreüs
De onnor[3] faire et de largesse.
Touz biens et toute gentillesse
Sont mis arierre par ses deus ;
70Certes c’est damages et deus
Qant .II. mauvais vices lor tolent ;
Largece et honor nous retolent ;
Avarice ont mis à cheval ;
Honte est ou mont, honours ou val,
75Tant par Groingnet et par Petit ;
Onques Diex tiex serjans[4] n’aïst !
La male mort les tust et fiere !
Mais une gent les ont[5] tant chiere
En lor bailliée qui les garde
80Qu’il[6] n’ont omques de nului garde,

  1. 54 — ruis. B, ris. — Après ce vers, B ajoute :

    Petis est plains de mavaise ire,
    Petis la cuisine nos livre.

  2. 56-75 — Ces vers manquent dans B.
  3. 67 — Le ms. A porte D’onnor : il faut corriger non pas « De onnor », mais Et d’onnor.
  4. 76 — tieus serjans. B, tel sergent.
  5. 78 — une gent les ont. B, ils ont .I. gent.
  6. 80 — Qu’il. B, Qui.