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du segretain ou du moine

Et dist : « Sire, avés vous essoine ?
— Oie, dame, vesci le moine :
A peu ne m’a jeté du sens.
Si m’aït Dius, je cuit et pens
295K’il est venus ses deniers querre,
Mais s’il estoit ficiés en terre,
Je cuit qu’il n’en istroit jamais ;
Autrement n’arons nous ja pais.
Aidiés moi, si le porterai ;
300Je sai bien où je l’en fourai. »
Le moine enquerquier si s’en va,
Tant que .I. grant fumier trouva
De porretures[1] et d’estrain :
Iluec metra le secretain.
305En ce fumier ot .I. bacon
K’enblé avoient .III. larron ;
Si l’avoient iluec mucié.
Li borgois a tant revercié
K’il est au bacon asenés,
310A peu ke il n’est forsenés ;
Bien cuida que diable fust
Ki du sens jeter le deüst.
Tous esbahis fu que ce soit
Quant il vit que bacons estoit.
315Hors l’en a trait à grant essoine,
Et puis i enfouï le moine.
Le bacon kerke, si s’en va,
Tant que sa femme retrouva.
Si li dist : « Sire, dous amis,
320Porquoi n’est il en terre mis ?

  1. 303 — * porretures ; ms., porreture.