Page:Montaiglon - Recueil général et complet des fabliaux des 13e et 14e siècles, tome V.djvu/137

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du segretain ou du moine

Et si a bras et mains et ganbes.
— Par les eus Diu, » fait il, tu ganbles.
— A ! conpains, ce n’est mie fable,
Nous avons pour bacon diable
355Grant et hideus et contrefait.
— Si m’ait Dius, ci a mal plait ;
Di moi que nous en pourrons faire.
— Jou te dirai, par saint Ylaire, »
Fait l’autres, « je me veus entendre :
360Je m’acorc que nous l’alons pendre
Là ù nous l’enblasmes anuit :
Si en orras demain grant bruit
Ke li vilains en sera pris,
Et puis en la gaiole mis. »
365Ensi s’accordent li larron :
Le moine en portent derandon,
Tant qu’il vinrent à le maison
U orent enblé le bacon.
Ileuc l’ont par le col pendu ;
370Ensi l’ont au vilain rendu,
Puis s’en tornent vers la taverne
Tout sans candelle et sans lanterne.
Quant lor conpains venir les voit,
Si lor demande ce que doit
375K’il n’aportoient carbonées :
« Folie nous as demandées,
Ke li bacons est devenus
Uns moines cauciés et vestus.
— Et qu’en avés vous donques fait ?
380— Demain en orras autre plait,