premier Roy d’Angleterre,
ayant essayé aux longues guerres d’entre luy et Robert, Roy
d’Escosse, combien sa presence donnoit d’advantage à ses affaires,
rapportant tousjours la victoire de ce qu’il entreprenoit en personne,
mourant, obligea son fils par solennel serment à ce qu’estant
trespassé, il fist bouillir son corps pour desprendre sa chair
d’avec les os, laquelle il fit enterrer ; et quant aux os, qu’il les
reservast pour les porter avec luy et en son armée,
toutes les fois qu’il luy adviendroit d’avoir guerre contre les Escossois. Comme si la
destinée avoit fatalement attaché la victoire à ses membres.
Jean Vischa, qui troubla la Boheme pour la deffence des erreurs de
Wiclef, voulut qu’on l’escorchast apres sa mort et de sa peau qu’on
fist un tabourin à porter à la guerre contre ses ennemis : estimant
que cela ayderoit à continuer les avantages qu’il avoit eu aux
guerres par luy conduites contre eux. Certains Indiens portoient
ainsin au combat contre les Espagnols les ossemens de l’un de leurs
Capitaines, en consideration de l’heur qu’il avoit eu en vivant. Et
d’autres peuples en ce mesme monde, trainent à la guerre les corps
des vaillans hommes qui sont morts en leurs batailles, pour leur servir de
bonne fortune et d’encouragement.
Les premiers exemples ne reservent au tombeau que la reputation acquise par leurs actions passées : mais ceux-cy y veulent encore mesler la puissance d’agir. Le fait du capitaine Bayard est de meilleure composition, lequel, se sentant blessé à mort d’une harquebusade dans le corps, conseillé de se retirer de la meslée, respondit, qu’il ne commenceroit point sur sa fin à tourner le dos à l’ennemy : et, ayant combatu autant qu’il eut de force, se sentant defaillir et eschapper de cheval, commanda à son maistre d’hostel de le coucher au pied d’un arbre, mais que ce fut en façon qu’il mourut le visage tourné vers l’ennemy, comme il fit. Il me faut adjouster cet autre exemple aussi remarquable pour cette consideration, que nul des precedens. L’Empereur