auec sa cape, au lieu du poignard. Il est digne de consideration, que Lachez, en Platon, parlant d’vn apprentissage de manier les armes, conforme au nostre, dit n’auoir iamais de cette eschole veu sortir nul grand homme de guerre, et nomméement des maistres d’icelle. Quant à ceux là, nostre experience en dit bien autant. Du reste, aumoins pouuons nous tenir que ce sont suffisances de nulle relation et correspondance. Et en l’institution des enfants de sa police, Platon interdit les arts de mener les poings, introduittes par Amycus et Epeius : et de lucter, par Antæus et Cecyo : par ce qu’elles ont autre but, que de rendre la ieunesse apte au seruice bellique, et n’y conferent point. Mais ie m’en vois vn peu bien à gauche de mon theme.L’Empereur Maurice, estant aduerty par songes, et plusieurs prognostiques, qu’vn Phocas, soldat pour lors incognu, le deuoit tuer demandoit à son gendre Philippus, qui estoit ce Phocas, sa nature, ses conditions et ses mœurs et comme entre autres choses Philippus luy dict, qu’il estoit lasche et craintif, l’Empereur conclud incontinent par là, qu’il estoit doncq meurtrier et cruel. Qui rend les tyrans si sanguinaires ? c’est le soing de leur seurté, et que leur lasche cœur, ne leur fournit d’autres moyens de s’asseurer, qu’en exterminant ceux qui les peuuent offen— cer, iusques aux femmes, de peur d’vne esgratigneure.
Les premieres cruautez s’exercent pour elles mesmes, de là s’engendre la crainte d’vne iuste reuanche, qui produict apres vne enfileure de nouuelles cruautez, pour les estouffer les vnes par les autres. Philippus Roy de Macedoine, celuy qui eust tant de fusées à demesler auec le peuple Romain, agité de l’horreur de meurtres commis par son ordonnance : ne se pouuant resoudre contre tant de familles, en diuers temps offensées : print party de se saisir de touts les enfants de ceux qu’il auoit faict tuer, pour de iour en iour les perdre l’vn apres l’autre, et ainsin establir son repos.Les belles matieres siesent bien en quelque place qu’on les seme. Moy, qui ay plus de soin du poids et vtilité des discours, que de leur ordre et suite, ne doy pas craindre de loger icy vn peu à l’escart, vne tres-belle histoire. Quand elles sont si riches de leur propre beauté, et se peuuent seules trop soustenir, ie me contente du bout d’vn poil, pour les ioindre à mon propos.Entre les autres condamnez par Philippus, auoit esté vn Herodicus, Prince des Thessaliens. Apres luy, il auoit encore depuis faict mourir ses