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Page:Montaigne - Essais, Musart, 1847.djvu/17

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AVERTISSEMENT
SUR CETTE ÉDITION DES ESSAIS.


Montaigne est un auteur qu’il n’est guère permis d’ignorer ; mais c’est peut-être aussi un des plus dangereux à étudier pour la jeunesse. Les moins sévères conviennent que, dans son audacieux cynisme, il ne recule ni devant la plus obscène expression, ni devant les maximes les plus païennes. Que des esprits graves et mûris par des études sérieuses et par l’expérience de la vie, lisent les Essais avec quelque fruit, qu’ils y trouvent surtout la satisfaction d’une curiosité littéraire et philosophique, nous en conviendrons jusqu’à un certain point ; mais que des intelligences à peine initiées aux grandes vérités sociales et religieuses puissent se lancer sans péril dans ce dédale d’opinions qui heurtent si souvent les règles de la morale et ne respectent pas davantage les dogmes les plus sacrés, nous nierons de toutes nos forces qu’il en soit ainsi. Dans cette conviction, nous avons pris le crible d’une main ferme, et séparant, sans pitié, l’ivraie du bon grain, nous avons obtenu un livre, que la plus chaste jeune fille, que le chrétien le plus scrupuleux, ouvriront sans danger pour leur foi et pour leur vertu.

Nous voulons ici nous exprimer avec une entière franchise, au risque de soulever contre nous de violentes clameurs. Autant que qui que ce soit, nous admirons dans Montaigne le