Page:Montaigne - Essais, Musart, 1847.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
15
SUR CETTE ÉDITION.

a en elles de bien et de mal, a eu assez de lumières pour en reconnaître la sottise et la vanité. Il a très-bien découvert le néant de la grandeur et l’inutilité des sciences : mais comme il ne connaissait guère d’autre vie que celle-ci, il a conclu qu’il n’y avait donc rien à faire, qu’à tâcher de passer agréablement le petit espace qui nous est donné… Il représente très-naïvement dans son livre les mouvements naturels de l’esprit humain, ses différentes agitations, ses démarches pleines de tiédeur, et la fin brutale où il se réduit, après avoir bien tourné de tous côtés. Dans ce misérable état, l’âme ne s’attache point aux plaisirs par l’estime qu’elle en fait, mais par le mépris et le dégoût qu’elle a de toutes les autres choses. C’est une espèce de désespoir qui l’y porte, et ce n’est pas tant pour en jouir, que pour y noyer ses déplaisirs et ses tristesses. » (Nicole, Essais de Morale, tom. VI, art. 29.)

Après avoir entendu ces trois graves auteurs, que chacun juge s’il était possible d’offrir les Essais complets aux lecteurs chrétiens.