Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/215

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bon goust, aus bons logis, que à pene nos cuisines de la noblesse francèse lui sembloint comparables, & y en a peu qui ayent des sales si parées. Ils ont grande abondance de bon poisson qu’ils mêlent au service de chair ; ils y desdeingnent les truites & n’en mangent que le foye ; ils ont force gibier, bécasses, levreaux, qu’ils acoutrent d’une façon fort esloingnée de la nostre, mais aussi bonne au moins. Nous ne vismes jamais des vivres si tendres com’ils les servent communéemant. Ils meslent des prunes cuites, des tartes de poires & de pommes au service de la viande, & mettent tantost le rôti le premier & le potage à la fin, tantost au rebours. Leur fruict, ce ne sont que poires, pommes qu’ils ont fort bonnes, noix & formage. Parmi la viande, ils servent un instrumant d’arjant ou d’estein, à quatre logettes, ou ils mettent diverses sortes d’épisseries pilées & ont du cumin ou un grein semblable,