Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le plus agreable païsage qu’il eût jamais veu ; tantôt se reserrant, les montaignes venant à se presser, & puis s’eslargissant asteure de nostre costé, qui estions à mein gauche de la riviere, & gaignant du païs à cultiver & à labourer dans la pante mesmes des mons qui n’estoint pas si droits, tantot de l’autre part ; & puis decouvrant des pleines à deus ou trois etages l’une sur l’autre, & tout plein de beles meisons de jantil’homes & des églises. Et tout cela enfermé & emmuré de tous cotés de mons d’une hauteur infime. Sur notre coté nous découvrimes dans une montaigne de rochiers, un crucifix, en un lieu où il est impossible que nul home soit alé sans artifice de quelques cordes, par où il se soit devalé d’en haut. Ils disent que l’Empereur Maximilien, aieul de Charles V, alant à la chasse, se perdit en cete montaigne, &, pour tesmoingnage du dangier