Page:Montaigu - Démêlés du Comte de Montaigu, 1904.djvu/55

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gieux, sources d’informations très sujettes à caution.

Si encore il eût pu compter sur les Français établis à Venise ; mais c’étaient pour la plupart des gens douteux[1], émigrés, ayant eu maille à partir avec la justice. Le comte de Montaigu n’avait qu’un sage parti à prendre : se conformer aux instructions ministérielles et faire cause commune avec le marquis de Mari, qui était un parfait galant homme.

La liaison, aussi facile qu’agréable, permit aux deux diplomates d’unir leurs efforts pour exécuter les ordres de leurs cours.

Ceux-ci ne manquaient pas de protester de leur fidélité à l’observer, tandis qu’ils fournissaient publiquement des munitions aux troupes autrichiennes, et même des recrues, sous prétexte de désertion. M. de Montaigu qui, je crois, voulait

  1. « Il y a (à Venise, plusieurs Français qui y sont depuis longtemps, qui y vivent d’industrie, sortis de France pour éviter les châtiments que les différentes espèces de fautes qu’ils ont faites leur ont fait mériter… il y en a un… ici… qui, après s’être sauvé de France, s’est sauvé de la cour de Vienne, s’est mis ici sur le pied d’un espion de tout ce qui s’y passe et fait les gazettes. Comme il est Français, il se croit obligé de voir les ambassadeurs… je l’ai trouvé lié avec tous les fripons dont je vous parle, et en le traitant honnêtement, je luy ay fait sentir que le roi me donnant l’autorité d’en chasser tous les aventuriers de Français qui y viendroient, on pouvoit mériter ma protection en se rendant utile au service du roi par les avis qu’on pouvoit me donner. Cela a commencé à m’attirer quelque chose de sa part : aiez la bonté de me mander là-dessus si j ay bien fait ou non… » (Lettre à Amelot, 23 novembre 1743.)