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eussent trop sûrement compromis l’avenir de l’éducation religieuse en France. Sous un homme droit et religieux comme M. de Salvandy, sous M. Cousin lui-même, lequel, pendant son ministère, ne paraissait pas encore atteint de cette sorte de monomanie qui le porte à identifier sans cesse la cause de la philosophie et de la raison avec sa personne et son système ; sous n’importe quel autre ministre plus conciliant et moins inféodé aux passions universitaires, on aurait été sans cesse tenté d’accepter, avec confiance, quelque demi-mesure qui n’eût servi qu’à empirer le mal. Les antécédents de M. Villemain, les dispositions justes et respectueuses envers l’Église manifestées dans plusieurs de ses écrits, surtout la haute indépendance que lui donnait envers l’Université l’éclat de sa position au sein même du corps enseignant, pouvaient ; à coup sûr, faire supposer qu’il prendrait une attitude plus forte et plus généreuse que celle de ses prédécesseurs ; et cette illusion n’a été plus chère à personne qu’à l’auteur de ces pages qui a si longtemps siégé à côté de lui sur les bancs de la faible minorité de la Chambre des Pairs. Malheureusement, c’est le contraire qui est arrivé : aucun ministre n’a adopté avec plus d’acharnement l’esprit égoïste et jaloux de ses subordonnés ; aucun n’a sacrifié plus complètement les devoirs généraux et nationaux du ministre de l’Instruction publique aux intérêts exclusifs et personnels du grand-maître de l’Université.