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l’enseignement tel qu’il est, ne subira aucun changement très-notable. Le clergé séculier, tel qu’il est actuellement constitué en France, restreint en nombre, absorbé par les travaux du saint ministère, dépouillé de toutes les ressources qui naguère permettaient à l’élite de ses membres de consacrer leur jeunesse à l’étude, le clergé séculier ne saurait lutter, avec le succès que doivent vouloir les catholiques, contre l’organisation puissante de l’Université. Il fera quelque bien, il n’en fera pas assez pour guérir le mal qui nous consume. Partout d’ailleurs et toujours, chez les peuples catholiques, l’enseignement a été, non pas exclusivement, mais en premier lieu, l’apanage des ordres religieux. Partout d’ailleurs et toujours les restrictions imposées au clergé régulier, les proscriptions légales prononcées contre les moines, ont fini par retomber sur l’épiscopat et le sacerdoce tout entier. On ne citerait pas dans l’histoire un exemple du contraire, et l’expérience toute récente de l’Espagne démontre assez ce que gagne le clergé séculier à séparer sa cause de celle des moines.

Il faut donc le sentir, et il faut surtout avoir le courage de le dire, sans subterfuge et sans détour : l’éducation ne peut être solidement régénérée et épurée que par les congrégations religieuses. Il est juste d’assigner entre elles un rang élevé à ces Jésuites qui ont sauvé la foi dans la plupart des pays catholiques au seizième siècle, et qui depuis ont eu le ma-