Page:Montanclos - La Bonne maitresse.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA BONNE MAITRESSE, COMÉDIE.

Le théâtre représente un salon, un grand cabinet. Il faut que tout y respire une simplicité noble et la plus grande propreté, caractère des Genevois et des habitans de Lauzanne. — Un secrétaire ouvert est dans une embrasure très-près de l’avant-scène. Madame d’Héricourt est assise devant le secrétaire et parait occupée à lire une lettre.





Scène PREMIÈRE.

Mme D’HÉRICOURT, lisant une lettre.

Je ne puis me lasser de lire cette lettre ! elle exprime si bien la candeur, la pureté des sentimens les plus tendres ! eh c’est un garçon de village, un paysan enfin, qui l’écrit. Ah ! jeunes gens de la ville, vous n’avez pas cette aimable simplicité : c^s^l par ia ruse, plirles fausses apparences d’une tendresse que vous n’éprouvez point, que vous parvenez à séduire et à tromper. (Elle lit.) Intéressant Basile ! tout à la fois bon fils, amant fidèle et plein de confiance dans ce qu’il aime. (Elle lit.) Des plaintes sur son sort, sans bassesse : fesant une action louable, sans orgeuil : tout ce qui est vertu lui parait naturel. (Elle se lève.) En vérité je remercie le hasard qui m’a fait trouver cette lettre…… Mais cette pauvre Marie est dans la plus vive inquiétude de l’avoir perdue. Il faut calmer les peines de cette ame douce et sensible. J’ai eu le tems de lui préparer les surprises agréables, fesons-lui connaitre d’avance un plaisir bien innocent. Je ne me pardonnerais pas de l’en avoir privée, si je ne savais que je travaille à la rendre parfaitement heureuse.

(Elle sonne)



Scène II.

MARIE, JACQUES, Mme D’HÉRICOURT.

(Marie et Jacques entrent en même tems sur la scène, l’une par la chanbre de madame d’Héricourt, l’autre par l’antichambre

de l’appartement, et disent ensemble.)

Me voilà madame.

Mme D’HÉRICOURT

Je n’ai pas besoin de vous, Jacques ; c’est à Marie que je veux parler.