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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

n’avions pu faire depuis huit jours, et nous avons trouvé que nous étions à 38 degrés 3 minutes de latitude, et estimé que nous étions à 30 degrés 36 minutes de longitude, en comptant le méridien de Ténériffe[1] pour premier. On croira que c’est un officier qui n’a jamais servi que sur terre, qui exagère en parlant du coup de vent que nous avons eu, qui a duré près de trois jours et demi ; mais je n’écris rien qu’après ce que m’en ont dit nos officiers de mer, qui tous nous ont assurés n’en avoir jamais vu de pareil pour la durée, et que celui qui dispersa la flotte de M. d’Anville pour l’expédition de Chibouctou ne fut pas plus considérable et ne dura que vingt-quatre heures. D’ailleurs, comme la mer avoit été battue successivement par des vents de l’est et du nord, elle en étoit devenue plus agitée et plus dangereuse. Quelque danger que nous ayons couru, il est à souhaiter que le vaisseau le Héros et ceux qui nous suivent, s’en soient aussi bien tirés ; le premier aura eu l’avantage de pouvoir se tenir à la cape et se moins éloigner de la route, un gros vaisseau résistant mieux qu’une frégate ; et les autres, étant partis plus tard que nous, auront été moins avancés en route et auront eu plus à courir.

Du 19 et du 20 avril 1756. — Nous avons fait sonder ce matin ; mais nous n’avons pas trouvé fond ; ce qui nous fait croire que nous ne sommes pas encore au Grand-Banc, à moins que nous l’eussions dépassé. Nous avons des brumes c’est assez le temps du royaume des morues et de ses approches.

  1. Ce mot, écrit de la main de Montcalm, surcharge Paris.