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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— Oh ! ça ne fait rien, dit Pépé avec aplomb, je suis du cirque Alcindor.

— Il fallait le dire, s’écria le monsieur en lui tapant familiè­rement sur la joue.

Et il courut arrêter des militaires qui passaient afin de leur faire admirer sa toile.

— Entrez, leur dit-il, il faut l’avoir vue avant de mourir.

Pépé continua sa promenade.

— Il est devenu gentil, ce monsieur, pensa-t-il, dès que je lui ai parlé du cirque Alcindor. Il paraît que c’est bien vu, le cirque Alcindor.

Un mouvement de la foule le porta près d’un grand cercle formé autour d’hercules. Au bout du cercle, un orgue de bar­barie rendait frénétiquement les plus doux airs de la Dame blanche ; au milieu, un lutteur tenait un tonneau entre ses dents et sur ce tonneau il portait un de ses confrères appuyé sur d’énormes poids.

— Est-il fort ! murmurait-on dans la foule.

Une femme aux bras musclés faisait la quête.

— Allons, la main à la poche, les amateurs, faisait-elle.

Ceux qui ne donnaient rien, pris d’une sorte de pudeur s’en allaient. Ils se groupaient autour d’un chanteur qui disait des chansonnettes en raclant une guitare.

Des cris perçants attirèrent Pépé sur le côté du boulevard où un long espace était occupé par des rails posés sur des poteaux. Sur ces rails, qui décrivaient de brusques ondulations, deux wagons voyageaient avec une rapidité vertigineuse, des­cendant, sautant, glissant, montant. On nommait ce jeu « mon-