Page:Monteil - Histoire du célèbre Pépé, 1891.pdf/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Cet hôtel, composé seulement d’un rez-de-chaussée surélevé, était splendide. Des domestiques en culottes de panne rouge et en bas de soie retenus par des jarretières d’or, à l’habit bleu à la française galonné d’or, étaient dans l’antichambre et à toutes les portes. Mme Giraud n’avait pas la peine d’ouvrir un vantail ni de soulever une portière. De bons tapis épais amortissaient les pas, de lourds rideaux empêchaient l’air filtrant par la fenêtre d’arriver dans l’appartement. On sentait le chaud dans ce bel hôtel ! une douce chaleur, égale dans toutes les chambres, qui rendait leur élasticité aux membres engourdis, qui laissait respirer à l’aise.

Le pauvre petit, qui avait pleuré sa maman dans la voiture, à qui la belle dame faisait peur quoiqu’elle le réchauffât dans ses fourrures, ne vit pas toute cette richesse, lui ! Il appelait toujours :

Maman ! maman !

Mais la tiède atmosphère des appartements le pénétra peu à peu.

— Quel sale petit garçon madame ramène, pensaient les domestiques, il est crotté comme un barbet et il a mis de la boue sur la belle robe de la patronne.

Madame le faisait entrer avec elle dans sa chambre à coucher et elle disait à sa femme de chambre :

— Fanny, préparez vite le bain et lavez-moi cet enfant. Vous prendrez ensuite des vêtements de M. Édouard et vous l’habillerez.

M. Édouard, c’était le fils de Mme Giraud qui avait six mois de plus que le pauvre petit perdu.