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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Quand le cirque avait fait sa saison, du mois de mai à la fin d’octobre, la tente pliée et mise sur une charrette, les prolonges portant les banquettes et l’armature de la tente, les voitures servant au logement des artistes et des bêtes ainsi que le magnifique logis roulant du patron, les tapissières chargées des accessoires, les chevaux tenus en main, les chiens, les gens se mettaient en marche, en caravane, et rentraient à Levallois-Perret pour passer l’hiver.

Tout le monde logeait dans la grande maison. Les patrons habitaient la moitié du rez-de-chaussée, l’autre moitié étant prise par le réfectoire, l’office et les cuisines. Les artistes occupaient les chambres. Il n’y avait que les musiciens qui étaient congédiés et qui passaient leur hiver à jouer dans différents établissements de Paris, en attendant que le printemps les ramenât au cirque Alcindor.

Les artistes vivaient en commun sous l’œil bienveillant d’Alcindor et de sa femme qui se chargeaient de remettre, au besoin, l’harmonie entre les différentes parties de la troupe quand elle cessait d’exister. Les artistes mangeaient ensemble, et les garçons et les palefreniers à une autre table et dans une autre salle. Alcindor nourrissait grassement ses artistes et il leur donnait à boire tant qu’ils voulaient. Il savait que la nourriture abondante est nécessaire à la santé et que le corps ne dépense qu’autant qu’il emmagasine.

Il y avait beaucoup de force à dépenser dans la maison de Levallois-Perret. L’hivernage n’était pas un repos pour ces artistes, au contraire ; les hommes et les animaux se dressaient pendant l’hiver. On réservait au milieu du manège l’espace de la