Page:Monteil - Histoire du célèbre Pépé, 1891.pdf/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— Je veux, disait-elle, que ma fille soit fort correctement élevée et qu’elle se marie avec quelqu’un qui n’exerce pas notre profession. Elle est fille unique, elle sera riche, très riche, puisque nous lui gagnons une grosse fortune, je veux qu’elle appartienne à un monde plus huppé que le nôtre.

Pépé trouva Colette bien, bien gentille.

C’était une blondinette aux yeux bleus, mignonne et menue, que sa robuste maman osait toucher à peine de peur de la casser.

— N’est-ce pas extraordinaire, disait-elle, que la fille d’un homme brun et fort comme Alcindor et d’une grosse femme brune comme moi, soit blonde et ne pèse pas une once ?

Colette cependant se portait à merveille. On la soignait, dans sa pension, car Mme Alcindor payait royalement, était très généreuse.

— Oh ! elle est jolie, Colette, dit Pépé, quand il sortit de la pension avec Mme Alcindor.

— Vraiment ! tu trouves ça, toi, petit, murmura la patronne.

Elle fut flattée d’entendre Pépé déclarer naïvement que sa fille était jolie, mais elle ne put s’empêcher de dire en évoquant son mariage lointain :

— Tu sais, ce n’est pas pour ton nez.

Pépé comprit que Mme Alcindor ne le laisserait pas jouer avec sa fille et que jamais Colette ne remplacerait Moutonnet, car il ne pensait pas à faire son petit mari.

Ils rentrèrent dans la maison de l’hivernage et, quatre jours