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LE PETIT LÉOTARD

— Mon mari a raison, disait Mme Alcindor, qui toute sa vie n’avait vu admirer que la beauté et la force.

Mais quelqu’un qui avait été vivement frappé des dispositions de Pépé et qui ne le voyait pas avec plaisir vivre avec des saltimbanques, c’était Mme Giraud.

— Cependant, pensa-t-elle, il gagne sa vie honnêtement, dans ce cirque. Ce serait peut-être son malheur de l’en retirer. Ces Alcindor sont bons pour lui et il s’y plaît.

Et quand revint la foire au pain d’épice, elle alla voir Pépé en compagnie de M. Édouard.

Ce fut un grand jour pour Pépé que celui où, pour la première fois, il dut s’élancer dans l’air en pleine représentation.

Alcindor avait fait annoncer le début de Pépé dans les journaux. De grandes affiches où Pépé était représenté entre les deux trapèzes avaient été placardées dans tout Paris. Sur ces affiches on lisait en gros caractères : « Plus fort que Léotard. » Dans le faubourg Saint-Antoine, dans Vincennes, autour de la foire, dans la foire, le nom de « Pépé » se lisait en lettres immenses au-dessous de « Cirque Alcindor ». Le soir de son début, le cirque était bondé, on refusait le monde à la porte et une longue queue de curieux protestaient par leurs cris contre leur exclusion.

Le public s’écrasait littéralement et Mme Alcindor avait placé Mme Giraud et Édouard dans une petite loge qui n’était jamais occupée que par les patrons, les artistes ou leurs invités.

La première partie du spectacle mit les spectateurs en bonne humeur. Gig, Rig et Pig n’avaient jamais été plus souples ni plus anglais.