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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

de beurre frais qui fondait en jaunissant la belle farine blanche, et chacun puisait avec sa cuillère dans le cuivre reluisant.

Pépé avait une prédilection marquée pour cette bouillie et pour les galettes de sarrasin. Quand il voyait Adèle prendre une jatte, délayer de la farine de blé noir dans du lait, placer sur le feu l’espèce de poêle plate qu’en Normandie on appelle une « tuile », la graisser avec une couenne de lard et répandre la pâte qui se dorait et sur laquelle on étendait ensuite du beurre frais, il commençait à trépigner et à battre des mains.

— Tiens, Pépé, lui disait le père Fougy, roule la galette et trempe-la dans un verre de vieux cidre. Hein ? Fameux ! fameux !

— Fameu ! Fameu, Pépé ! répétait l’enfant.

Il accompagnait Adèle quand elle allait traire les vaches dans les prairies, une sorte d’amphore de cuivre à chaque bras, les cotillons retroussés jusqu’en haut de ses doubles bas de laine, chaussée de gros sabots « à collet ».

— Attrape ! disait Adèle en lui envoyant un jet de lait en plein visage.

Il riait en tirant sa petite langue pour goûter le bon lait chaud qui descendait en rigoles jusqu’à ses lèvres.

Il savait qu’il allait en avoir davantage, en revenant avec la grande Adèle jusqu’à la laiterie, dans la tourelle, où Aimée était restée à retourner les fromages dans leur forme. Il découvrait les grands pots de grès brun, trempait ses doigts dans la crème et les léchait ensuite avec satisfaction, le gourmand.

— Petit coquin, va, disait Aimée.

Quand le beau temps fut revenu, les promenades devinrent