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INDUSTRIEL

des tableaux. Son œuvre, sous une direction mieux raisonnée, avec l’aide d’ouvriers qui avaient une manière à eux, apprise aussi, ne ressembla pas à ce qu’il avait fait jusqu’alors.

Le premier tableau qu’il livra fut un désastre véritable pour sa réputation et pour son entreprise. Ce n’était plus ça, mais plus du tout ! La parade sortie de ses mains se rapprochait de celle du premier venu, ou bien c’était du store. Il avait cru remporter un triomphe : on lui décommanda plusieurs des tableaux dont on lui avait confié l’exécution.

Il conçut de son échec une sorte de rage, d’autant plus forte qu’il remarqua de la déception chez Mme Alcindor.

— Si je ne réussis pas en peinture, je n’obtiendrai jamais Mlle Colette, pensa-t-il.

Et le soir, à la représentation, il s’élança si intrépidement de son trapèze qu’il manqua celui du milieu et se rattrapa au troisième.

Le public comprit que Pépé venait de faire un tour audacieux et il l’applaudit à outrance.

Alcindor le jugea trop audacieux. Il avait eu peur.

— Je te défends de recommencer, dit-il à Pépé. C’est merveilleux ce que tu as osé, mais tu pouvais te casser les reins.

— Tant mieux, dit Pépé.

— Comment, tant mieux ?

— Est-ce que je sais ce que je fais !

Alcindor le regarda avec de grands yeux étonnés.

— Qu’est-ce qu’il a ? demanda-t-il à sa femme. Lui, qui est toujours si doux et si calme !…

Le lendemain, Pépé dit à Mme Alcindor :