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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

Sur chacune d’elles, à la place de la tête du modèle, homme ou femme, il y avait la charge de Cabrion, si exactement saisie, avec son long nez prenant des expressions diverses, que le maître sembla la justifier dans son ahurissement, et que les rires, un moment étouffés, rejaillirent comme des fusées.

Cabrion, les sourcils froncés, prononça d’un ton solennel ces paroles :

— Qui a fait ça ?

Et comme personne ne répondait, comme le ton du professeur augmentait l’intensité des rires, il s’écria :

— Jamais, au grand jamais, on ne s’était permis de se moquer de Cabrion ! Est-ce que vous n’avez pas vu, tous, tant que vous êtes, jeunes gens, à la plus belle place dans le musée du Luxembourg, le fameux tableau de la bataille de Platée…

— … Où l’on voit Pausanias et Aristide vaincre les Perses commandés par Mardonius, continua Cocardasse derrière son chevalet en prenant un ton nasillard.

Et un autre, contrefaisant aussi la voix de Cabrion, acheva :

— Ce qu’il y a de remarquable dans ce tableau, c’est moins le nu du corps des Grecs que les brillants costumes des Persans qui ont été peints sur nature !…

— Les costumes avaient été envoyés par Mirza-Abul-Khan, ministre du Shah…

— Miâou ! Miâou !

— Pfut ! Pfut !

— Ah ! vous vous moquez de moi ! Ah ! vous vous moquez de Cabrion ! s’écria le professeur, de Cabrion, le peintre de la bataille de Platée, de Cabrion, illustre par vingt tableaux