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L’ATELIER CABRION

célèbres, de Cabrion qui a eu pour élèves les grands peintres Fortin, Nadaud, Bellac, Jauvrin, Diogène, Champion, Baluchon…

— Et Cocardasse !

Cocardasse était le plus mauvais élève de l’atelier, celui qui montrait le moins de dispositions pour la peinture.

— Et Cocardasse, peut-être, grâce à moi ! s’écria Cabrion. Non, jamais ! jamais ! jamais, on n’avait osé se moquer de Cabrion ! Vous n’êtes plus mes élèves, je vous renie. Adieu.

Et il sortit de l’atelier en fermant violemment la porte.

En descendant l’escalier, la fureur qu’il avait cru devoir manifester pour faire respecter son autorité se changea en rire.

— Le petit polisson qui a fait ma charge, car tout était de la même main, murmura-t-il, y a mis joliment du talent.

— Est-ce qu’il ne va plus revenir ? demanda Pépé, qui eut peur d’avoir été trop loin dans son esprit de vengeance.

— Ne plus revenir ? s’écria Boursotte. Mais l’atelier est à lui ! Mais nous le faisons vivre ! Il a profité de l’occasion pour se donner un congé. Est-ce que tu crois, maître Pépé, que Cabrion nous aime pour nos beaux yeux ?

— Peut-être un peu, quand nous lui plaisons.

— Nous ne lui plaisons jamais.

— Messieurs, ce n’est pas l’heure de tomber sur Cabrion puisqu’il est absent ; mais c’est le moment de répéter sa phrase : Qu’est-ce qui a fait ça ?

— C’est Cocardasse.

— Il en est incapable.

— Pourquoi en suis-je incapable ? demanda Cocardasse.