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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

achevèrent de monter son enthousiasme pour cette belle capitale.

— Mais, murmura-t-il, je commence seulement à comprendre Rubens ! Les Médicis de ce maître, qui sont au Louvre, n’en donnent pas une aussi haute idée.

Anvers devait porter à son comble son admiration pour Rubens et pour la Belgique. Quand il vit les tableaux de l’Élévation et de la Descente et le tableau du tombeau du peintre, il eut l’idée de la puissance du grand maître flamand.

Toutefois, il fit des réserves sur des parties qu’il trouvait trop faciles ou trop vivement traitées. Sa conception de la peinture l’entraînait à plus de sévérité, et il se disait que Rubens n’était pas aussi éloigné des maîtres italiens que l’étaient les peintres de l’École hollandaise.

Pressé de visiter la Hollande, il retint son passage sur le vapeur Telegraaf, qui fait le service entre Anvers et Rotterdam par l’Escaut et la Meuse.

Il n’avait jamais vu de port de mer, et l’outillage d’Anvers lui sembla supérieur à tout ce qu’il avait lu sur les ports français. Ces quais de l’Escaut, complètement couverts par des docks, organisés en vaste machine, les navires à quai venant des différentes parties du monde, le peuple de matelots et de débardeurs, les marchandises enlevées dans des vagons et des voitures, les grands chevaux boulonnais, lui offrirent un monde nouveau, extraordinairement intéressant et varié.

— Il y a là une vie, murmura-t-il.

Il s’embarqua à trois heures du matin sur le Telegraaf, qui descendit le petit Escaut, c’est-à-dire la partie étroite du