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LE PORTRAIT

soutachés d’or, s’écrasèrent sous les portières et les fenêtres drapées.

— Eh bien, dit Mme Alcindor, tu peux te vanter d’avoir une maison soignée, et t’estimer heureuse de ne pas nous voir regarder à l’argent.

— Tu es bonne, maman ! s’écria Colette.

— Je vais voir à présent si tu as l’instinct du ménage.

Il fallait acheter la vaisselle, garnir la cuisine, mettre du vin en cave, meubler les chambres de domestiques. Ce n’était plus aussi artistique, Pépé n’y entendait plus rien, mais Colette s’en tira à son avantage.

— Allons, dit Mme Alcindor, tu es mûre pour le mariage.

Colette sourit en regardant Pépé à la dérobée.

Les beaux jours revenaient, Pépé se remit au travail et il acheva le portrait de Colette.

— C’est beau ! c’est beau ! répétait Mme Alcindor.

C’était la première fois que Pépé exposait. Il était anxieux de savoir s’il serait admis au Salon. Il croyait avoir fait un chef-d’œuvre en peignant sa petite Colette, mais s’il s’était trompé sur sa propre valeur ! Si son tableau ne valait rien ! S’il était refusé ! C’était son œuvre condamnée, que le refus au Salon ; c’était le réduire à douter de son talent ; bien plus, c’était forcer à s’envoler le rêve qui le hantait depuis qu’il était enfant de faire sa femme de la jolie petite Colette !

Il porta, avec l’aide de son encadreur, son tableau magnifiquement entouré d’or, au palais de l’Exposition.

C’était le dernier des jours pendant lesquels il était permis de présenter des tableaux. Il y avait un grand mouvement dès