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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— Je ne grandirai plus, pensait Pépé, maintenant que je ne mange jamais de soupe.

Pour plus de sûreté, en entrant dans Paris, le méchant Prussien lui attacha une corde au bras, comme s’il avait eu un caniche pour le conduire, et il entoura son poignet à lui de l’autre bout de la corde.

Il s’installa dans un affreux garni, au fond de Grenelle, où on lui loua un grabat dans un cabinet pour dix francs par mois.

— Toi, dit-il à Pépé, tu es jeune, tu coucheras sur le parquet. Je te donnerai une couverture pour te garantir du froid.

C’était dur, plus dur encore que la terre nue au milieu des bois et des champs, le plancher qu’on lui donnait pour lit. Les nuits devinrent fraîches et un lambeau de couverture que le méchant Prussien tirait de son lit ne l’empêchait pas de grelotter. Il ne se déshabillait plus, lui que Dédèle avait tenu si propre, il se recroquevillait, les genoux sous le menton pour pouvoir mettre la couverture sur sa tête, mais il y avait, un vent coulis entre le bas de la porte et la fenêtre, qui souvent le glaçait et qui l’enrhumait. Il n’avait plus envie de jouer de la trompette ! et il souffrait plus qu’il n’avait souffert jusque-là.

Toute la journée, le méchant Prussien soufflait dans son trombone, de cour en cour, Pépé criait pour demander l’aumône et il sentait qu’à crier sa voix s’éraillait.

— Tiens, dis donc, toi, fit le méchant Prussien, en rentrant un soir dans son taudis, on pourrait peut-être te reconnaître à l’aide de ce P-P que tu as sur la main ?