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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— Il est si malade, dit le méchant Prussien. Quelquefois, les douleurs le tordent.

— Vous devriez le laisser chez vous, dit-on, ce pauvre petit.

Et on donna au musicien jusqu’à des pièces d’argent pour que Pépé prît du repos.

— Le moyen est bon, pensa le méchant Prussien, et il l’employa plusieurs fois par jour.

Le pauvre petit Pépé commença à se désoler et à dépérir.

Et pour augmenter encore sa recette qu’il envoyait régulièrement, chaque semaine, dans son pays de Prusse, le méchant homme, qui était rentré dans son taudis chaque jour vers huit heures du soir, s’ingénia d’aller jouer du trombone dans les cabarets fréquentés par des messieurs de mauvaise mine qui faisaient si peur au pauvre petit Pépé qu’il était presque heureux de se retrouver seul avec le Prussien.

Pépé dut donc rester sur pied une partie de la nuit. Le méchant Prussien le conduisit dans des cafés dont les fenêtres étaient malpropres et barbouillées au blanc d’Espagne, ou garnies de rideaux épais. Des hommes attablés mangeaient, buvaient, jouaient et fumaient en criant très haut, en faisant beaucoup de tapage.

L’atmosphère était épaisse à couper au couteau. Le faux aveugle entrait là dedans, et son instrument ne dominait pas toujours le bruit des disputes, des conversations, les ronflements des hommes endormis que Pépé voyait laidement étalés à ses pieds sous les tables.

— Il est joliment désagréable, ton instrument ! criait-on.