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Page:Monteil - Souvenirs de la Commune.djvu/42

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avait plutôt l’air d’être en fête que de commencer une révolution. Personne qui ne crût à la conciliation, à l’apaisement.

Personne ? Je me trompe. Il y avait les réacteurs, les lecteurs du Figaro et de l’Univers, l’ancienne société des Gourdins-Réunis, les Amis-de-l’Ordre, qui fomentaient la guerre civile dans les rues de Paris comme dans les couloirs de Versailles.

Je les vis s’assembler un jour sur le boulevard. Le lendemain, je me trouvai par hasard sur le boulevard au moment où passa une bande qui allait provoquer la première collision sanglante. Je la suivis. Les hommes criaient et gesticulaient beaucoup. Ils étaient tous bien vêtus. A leur boutonnière était un ruban violet. Ils avaient l’air de forcenés, agitaient leurs cannes, appelaient les passants, et, sur le boulevard, ils secouaient rudement, en l’appelant « canaille », un pauvre commissionnaire inoffensif. Ils criaient : « Vive l’ordre ! A bas le comité ! » Un jeune