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CHAPITRE XXIV.


QUE LES HOMMES LIBRES FURENT RENDUS CAPABLES
DE POSSÉDER DES FIEFS.


J’ai dit que les hommes libres alloient à la guerre sous leur comte, et les vassaux sous leur seigneur. Cela faisoit que les ordres de l’État se balançoient les uns les autres ; et, quoique les leudes eussent des vassaux sous eux, ils pouvoient être contenus par le comte, qui étoit à la tête de tous les hommes libres de la monarchie.

D’abord [1], ces hommes libres ne purent pas se recommander pour un fief, mais ils le purent dans la suite ; et je trouve que ce changement se fit dans le temps qui s’écoula depuis le règne de Gontran jusqu’à celui de Charlemagne. Je le prouve par la comparaison qu’on peut faire du traité d’Andely [2] passé entre Gontran, Childebert et la reine Brunehault, et le partage fait par Charlemagne à ses enfants, et un partage pareil fait par Louis le Débonnaire [3]. Ces trois actes contiennent des dispositions à peu près pareilles à l’égard des vassaux ; et, comme on y règle les mêmes points, et à peu près dans les mêmes circon-

  1. Voyez ce que j’ai dit ci-dessus au livre XXX, ch. dernier, vers la fin. (M.)
  2. De l'an 587, dans Grégoire de Tours, liv. IX. (M.)
  3. Voyez le chapitre suivant, où je parle plus au long de ces partages et les notes où ils sont cités. (M.)