On dit que l’homme est un animal sociable. Sur ce pied-là, il me paraît qu’un Français [1] est plus homme qu’un autre ; c’est l’homme par excellence, car il semble être fait uniquement pour la société.
Mais j’ai remarqué parmi eux des gens qui, non-seulement sont sociables, mais sont eux-mêmes la société universelle. Ils se multiplient dans tous les coins ; ils peuplent en un moment les quatre quartiers d’une ville ; [2] cent hommes de cette espèce abondent plus que deux mille citoyens ; ils pourraient réparer, aux yeux des étrangers, les ravages de la peste et de la famine. On demande, dans les écoles, si un corps peut être en un instant en plusieurs lieux ; ils sont une preuve de ce que les philosophes mettent en question.
Ils sont toujours empressés, parce qu’ils ont l’affaire importante de demander à tous ceux qu’ils voient, où ils vont, et d’où ils viennent.
On ne leur ôterait jamais de la tête qu’il est de la bienséance de visiter chaque jour le public en détail, sans