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LETTRE CXI.


couplets de chanson tout prêts à mettre au jour, qui, je m’assure, remettront toutes choses dans l’équilibre. J’ai fait choix de quelques voix très-nettes, qui, sortant de la cavité de certaines poitrines très-fortes, émouvront merveilleusement le peuple. Ils sont sur un air qui a fait, jusqu’à présent, un effet tout particulier.

« Si cela ne suffit pas, nous ferons paraître une estampe qui fera voir Mazarin pendu.

« Par bonheur pour nous, il ne parle pas bien français ; et il l’écorche tellement, qu’il n’est pas possible que ses affaires ne déclinent. Nous ne manquons pas de faire bien remarquer au peuple le ton ridicule dont il prononce. [1] Nous relevâmes, il y a quelques jours, une faute de grammaire si grossière, qu’on en fit des farces par tous les carrefours.

« J’espère qu’avant qu’il soit huit jours, le peuple fera, du nom de Mazarin, un mot générique, pour exprimer toutes les bêtes de somme, et celles qui servent à tirer.

« Depuis notre défaite [2], notre musique l’a si furieusement

  1. Le cardinal Mazarin, voulant prononcer l’arrêt d’union, dit devant les députés du parlement l’arrêt d’ognon, de quoi le peuple fit force plaisanteries. (M.) (Note de la seconde édition, Cologne, 1721.)
  2. Depuis notre défaite n’est pas dans la première édition.