Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t1.djvu/493

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
471
LETTRE CXLVIII.




LETTRE CXLVIII.


USBEK AU PREMIER EUNUQUE.


AU SÉRAIL D’ISPAHAN.



Recevez par cette lettre un pouvoir sans bornes sur tout le sérail ; commandez avec autant d’autorité que moi-même ; que la crainte et la terreur marchent avec vous : courez d’appartements en appartements porter les punitions et les châtiments ; que tout vive dans la consternation ; que tout fonde en larmes devant vous ; interrogez tout le sérail ; commencez par les esclaves ; n’épargnez pas mon amour : que tout subisse votre tribunal redoutable ; mettez au jour les secrets les plus cachés ; purifiez ce lieu infâme ; et faites y rentrer la vertu bannie. Car, dès ce moment, je mets sur votre tête les moindres fautes qui se commettront. Je soupçonne Zélis d’être celle à qui la lettre que vous avez surprise s’adressait : examinez cela avec des yeux de lynx.

De ***, le 11 de la lune de zilhagé, 1718.