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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t2.djvu/151

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DES ROMAINS, CHAP. III.


retirait, par le moyen des tributs, une partie pour l’entretien des soldats[1].

Or ces sortes de gens n’étaient guère propres à la guerre : ils étaient lâches et déjà corrompus par le luxe des villes et souvent par leur art même ; outre que, comme ils n’avaient point proprement de patrie, et qu’ils jouissaient de leur industrie partout, ils avaient peu à perdre ou à conserver.

Dans un dénombrement de Rome[2] fait quelque temps après l’expulsion des Rois, et dans celui que Démétrius de Phalère fit à Athènes[3], il se trouva, à peu près, le même nombre d’habitants : Rome en avait quatre cent quarante mille ; Athènes, quatre cent trente et un mille. Mais ce dénombrement de Rome tombe dans un temps où elle était dans la force de son institution, et celui d’Athènes, dans un temps où elle était entièrement corrompue. On trouva que le nombre des citoyens pubères faisait à Rome le quart de ses habitants, et qu’il faisait à Athènes un peu moins du vingtième. La puissance de Rome était donc à celle d’Athènes, dans ces divers temps, à peu près comme un quart est à un vingtième, c’est-à-dire qu’elle était cinq fois plus grande[4].

Les rois Agis et Cléoménès voyant qu’au lieu de neuf mille citoyens[5] qui étaient à Sparte du temps de Lycurgue[6],

  1. Cette phrase manque dans A.
  2. C’est le dénombrement dont parle Denys d’Halicarnasse dans le livre IX, 25, et qui me paraît être le même que celui qu’il rapporte à la fin de son sixième livre, qui fut fait seize ans après l’expulsion des rois. (M.)
  3. Clésiclès, dans Athénée, liv. VI., XVI. (M.)
  4. Tout ce paragraphe manque dans A.
  5. A. Au lieu de trente mille citoyens, etc.
  6. C’étaient des citoyens de la ville appelés proprement Spartiates. Lycurgue fit pour eux neuf mille parts ; il en donna ensuite trente mille aux autres habitants. Voyez Plutarque, Vie de Lycurgue. (M.)