Ainsi notre auteur, se jetant avec un courage héroïque dans ces abîmes des siècles les plus reculés, parcourt la terre. Il ne voit qu’un vaste désert dans cette heureuse contrée de la Colchide, qu’on auroit peine à croire avoir été du temps des Romains le marché de toutes les nations du monde.
Il déplore le malheureux sort des empires de l’Asie. Il visite la partie de la Perse qui est au nord-est, l'Hyrcanie, la Margiane, la Bactriane, etc. A peine voit-il passer la charrue sur les fondements de tant de villes jadis florissantes. Il passe au nord de cet empire, c’est-à-dire à l’isthme qui sépare la mer Caspienne du Pont-Euxin, et il n’y trouve presque aucun vestige de ce grand nombre de villes et de nations dont il étoit couvert.
Il est étonné de ne voir plus ces communications des grands empires des Assyriens, des Mèdes, des Perses, avec les parties de l'Orient et de l’Occident les plus reculées. L’Oxus ne va plus à la mer Caspienne ; des nations destructrices l’ont détourné. Il le voit se perdre dans des sables arides. Le Jaxarte ne va plus jusqu’à la mer. Le pays entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne n’est qu’un désert.
Notre auteur, au milieu de ces vastes désolations qui ne laissent plus voir que des ruines ou quelques débris de la dévastation, nous rappelle le commerce de luxe que les empires de l'Asie faisoient, tandis que les Tyriens, profitant des avantages que les nations intelligentes prennent sur les peuples ignorants, étoient occupés du commerce d’économie de toute la terre.
Il parcourt l’Egypte, qui, sans être jalouse des flottes des antres nations, contente de son terroir fertile, ne faisoit guère de commerce au dehors.
Il remarque que les Juifs, occupés de l’agriculture, ne négocioient que par occasion ; que les Phéniciens, sans commerce de luxe, se rendirent nécessaires à toutes les nations par leur frugalité, par leur habileté, leur industrie, leurs périls, leurs fatigues ; qu’avant Alexandre les nations voisines