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ANALYSE


DE


L'ESPRIT DES LOIS


PAR D’ALEMBERT [1]



POUR SERVIR DE SUITE A L’ÉLOGE DE MONTESQUIEU.
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La plupart des gens de lettres qui ont parlé de l'Esprit des Lois s’étant plus attachés à le critiquer qu’à en donner une idée juste, nous allons tâcher de suppléer à ce qu’ils auroient dû faire, et d’en développer le plan, le caractère et l'objet. Ceux qui en trouveront l’analyse trop longue jugeront peut-être, après l’avoir lue, qu’il n’y avoit que ce seul moyen de bien faire saisir la méthode de l’auteur. On doit se souvenir d’ailleurs que l'histoire des écrivains célèbres n’est que celle de leurs pensées et de leurs travaux, et que cette partie de leur éloge en est la plus essentielle et la plus utile.

Les hommes, dans l’état de nature, abstraction faite de toute religion, ne connaissant, dans les différends qu’ils peuvent avoir, d’autre loi que celle des animaux, le droit du plus

  1. Cette Analyse, qui accompagnait l'Éloge de Montesquieu mis en tête du cinquième volume de l'Encyclopédie, parut en 1755. Depuis lors on l’a considérée comme une introduction naturelle à l'Esprit des Lois, et on l'a jointe à la plupart des éditions de Montesquieu.